Comment filtrer les pfas de l’eau lors de vos voyages autour du monde

Estimated read time 8 min read

Pourquoi s’intéresser aux PFAS lorsqu’on explore le monde ?

Il y a des mots qu’on n’imagine pas croiser en marge d’un lever de soleil sur les rizières balinaises ou d’une plongée dans les atolls de Polynésie. PFAS en fait partie. Difficilement poétique, plutôt técnico-inquiétant. Et pourtant, ces “substances per- et polyfluoroalkylées” se glissent aujourd’hui jusque dans notre gourde de rando, notre thé à la menthe saharien ou l’eau filtrée d’un robinet d’auberge en Patagonie.

Sans entrer dans un manuel de chimie, disons simplement que les PFAS sont des composés chimiques créés par l’homme, utilisés depuis les années 1940 dans de nombreux produits du quotidien : textiles imperméables, revêtements antiadhésifs, mousses anti-incendie… Problème ? Ils sont très résistants — ce qui les rend utiles, certes — mais aussi très persistants dans l’environnement et dans notre organisme. D’où leur surnom : “produits chimiques éternels”.

Voyageur responsable ou baroudeur minimaliste, si vous buvez de l’eau à l’étranger (et vous le faites, à moins d’être une créature mi-camelidé mi-superhéros), il est peut-être temps de jeter un œil à la transparence de ce que vous versez dans votre tasse de campement. Alors, comment filtrer les PFAS de l’eau lorsqu’on trace sa route autour du globe ? Suivez-moi, gourde dans une main, curiosité dans l’autre.

Comprendre où se cachent les PFAS dans l’eau à l’étranger

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la présence de PFAS n’est pas réservée aux zones industrielles ou aux banlieues lointaines. On en trouve des traces dans des rivières proches de villages isolés, dans les réseaux d’eau municipaux de grandes capitales et même dans certaines sources naturelles réputées.

Lire aussi  Le charme pittoresque des villages français

Le hic, c’est qu’il est souvent difficile de savoir si l’eau qu’on s’apprête à boire en contient. Les données officielles sont rares, et peu de pays affichent des normes claires pour ces composés. L’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie… Tous sont concernés à différents degrés. En 2023, par exemple, une étude a révélé des concentrations inquiétantes de PFAS dans les eaux des Alpes suisses. Oui, même là-haut, là où les marmottes vous regardent passer avec leur air innocent.

Autrement dit, le risque est global. Et lorsqu’on est en voyage, exposé à de nouvelles sources d’eau chaque jour — fontaines locales, robinets d’hôtels, bidons partagés — mieux vaut être préparé.

Les méthodes inefficaces : à éviter pour préserver vos organes et votre moral

Vous avez peut-être déjà investi dans un filtre à charbon basique ou une paille filtrante premier prix avant un trek en Amazonie. Bonne intention, mais sachez que beaucoup de dispositifs classiques ne retiennent pas (ou très peu) les PFAS. Ces substances sont tout simplement trop petites et trop résistantes pour être bloquées par des systèmes standard.

Voici ce qu’il ne faut pas compter sur :

  • L’ébullition : Chauffer l’eau tue certaines bactéries, mais ne modifie pas la structure chimique des PFAS. En gros, votre thé est chaud, mais toujours toxique.
  • Les filtres à charbon ordinaires : Ils améliorent le goût et filtrent les sédiments, mais ne sont pas conçus pour capturer les PFAS de façon efficace, surtout à long terme.
  • Les pastilles de purification : Elles sont utiles contre les micro-organismes, pas contre les composés chimiques persistants comme les PFAS.

Les solutions qui marchent – Et que vous pouvez emporter en voyage

Heureusement, la technologie n’est pas à la traîne. Des solutions nomades commencent à émerger pour répondre aux attentes des voyageurs soucieux de leur santé et de la planète. Voici quelques options crédibles (et testées sur le terrain) :

  • Filtres à charbon actif haute densité (ACF – Activated Carbon Fiber) : Plus performants que les charbons classiques, ils sont capables de capturer certaines molécules de PFAS, surtout lorsqu’ils sont combinés à d’autres technologies. Certains modèles de gourdes filtrantes intègrent ces filtres. À renouveler régulièrement.
  • Filtres à osmose inverse portables : Longtemps réservée aux installations domestiques, cette technologie devient de plus en plus compacte. Ces systèmes poussent l’eau à travers une membrane ultra fine qui retient jusqu’à 99 % des contaminants, incluant les PFAS. Il existe désormais des pompes de voyage fonctionnant sans électricité ou de petits kits adaptés aux sacs à dos.
  • Systèmes à adsorption électrostatique : Encore rares mais prometteurs, ces filtres exploitent les charges des molécules pour attirer et piéger les PFAS. Quand la chimie se met au service du trekkeur !
Lire aussi  Quel est le vrai coût voyage au Japon pour un globe-trotteur comme moi

Pour ma part, lors d’une expédition dans les contreforts de l’Himalaya, j’ai testé le système “GeoPress” de Grayl. C’est une sorte de piston filtrant qui combine pression et charbon actif avancé. En quelques secondes, vous avez une eau potable, débarrassée des virus, bactéries, métaux… et dans certaines versions, des PFAS aussi. Poids raisonnable, efficacité bluffante. Petit bémol : les cartouches doivent être changées toutes les 250 utilisations environ.

Comment choisir votre filtre sans y passer toutes vos soirées d’auberge

Entre les spécificités techniques, les promesses marketing et vos envies d’alléger votre sac, choisir un bon filtre peut vite devenir un casse-tête. Voici quelques critères simples pour vous guider :

  • Efficacité sur les PFAS : Cherchez les tests certifiés en laboratoire et les fiches techniques détaillées. Si la mention “efficacité sur PFOA, PFOS” apparaît, vous êtes sur la bonne voie.
  • Mobilité : Un bon filtre, c’est celui que vous emmènerez systématiquement dans votre sac, pas celui qui reste au fond du placard. Poids, encombrement, facilité d’utilisation sont primordiaux.
  • Écologie et durabilité : Optez pour des cartouches remplaçables, à faible impact environnemental, avec un suivi transparent des matières utilisées.

Et si jamais vous hésitez entre deux modèles, pensez à consulter les forums de voyageurs aguerris. On y trouve bien souvent des avis plus honnêtes que les arguments de vente. Le blog Ozalee, vous vous en doutez, fouine aussi régulièrement dans ce genre de matériel de terrain.

Et si on ne peut pas filtrer ? Quelques astuces de survie douce

Parfois, malgré tous vos préparatifs, la réalité vous prend de vitesse. Vous voilà, au fin fond d’un désert ou sur le quai d’un ferry philippin, avec pour seule option une bouteille d’eau suspecte offerte par un passant souriant.

Lire aussi  Incontournable en Sicile : volcans, villages perchés et plages sauvages

Quelques conseils pratiques dans ces cas-là :

  • Préférez les eaux en bouteille de source naturelle — et non celles affichant “eau purifiée” ou “traitée”, plus susceptibles d’avoir été recyclées via des systèmes de distribution urbaine contaminés.
  • Renseignez-vous localement : Les guides, les hôtes locaux ou d’autres voyageurs peuvent avoir une connaissance empirique de la qualité de l’eau dans la région.
  • Utilisez le filtre même si vous doutez : Un demi-filtrage vaut mieux que pas de filtrage du tout. Combinez plusieurs techniques si nécessaire (charbon + osmose par exemple).

Enfin, évitez de paniquer à chaque gorgée. Le voyage, c’est aussi le relâchement. La vigilance, oui, la paranoïa, non. Emprisonner son expérience dans une bulle stérile, c’est parfois passer à côté de ce qui fait la magie de la route : le partage, le hasard, l’imprévu.

Boire l’eau du monde (sans avaler l’industrie chimique)

Filtrer les PFAS, ce n’est pas céder à la peur invisible, c’est prolonger sa liberté de mouvement en conscience. Ce n’est pas non plus rejeter tout confort moderne : c’est choisir ce que nous acceptons de consommer, nous qui avons le luxe — et la responsabilité — de le faire.

Lorsque j’étais au Laos, dans un petit village au bord du Mékong, une vieille dame m’a offert du thé. L’eau venait d’une source en amont, filtrée dans une jarre en argile. Je ne sais pas si les PFAS y avaient élu domicile. Mais je me souviens de la chaleur de ce moment, de ses mains ridées qui remerciaient sans mot, et de la sensation d’un geste simple et pur.

Alors oui, choisissez un bon filtre. Mais ouvrez aussi vos sens, goûtez prudemment, oubliez parfois la technique pour savourer l’instant. Et surtout, buvez à la santé du monde, tout en veillant à ne pas y laisser la vôtre.

Vous pourriez aussi sûrement aimé